Le Seigneur et Marie

Publié le par estaran

GEJ11 C35
Le Seigneur et Marie

 

1. Cependant, Marie était assise dans la salle d'apparat que l'on trouve dans chaque maison juive, entourée de nombreux amis et connaissances de Lazare, qui lui prodiguaient leurs consolations et vantaient les grands mérites du défunt. Marie demeurait d'autant plus volontiers parmi eux que, du moins, elle pouvait ainsi tenir à l'écart les quelques Pharisiens qui, comme on l'a dit, se conduisaient ici en maîtres sans trop se gêner, et les empêcher de l'importuner à nouveau de leurs propositions insolentes.

2. Avant de Me connaître, Marie était une créature pleine de joie de vivre, qui s'adonnait avec insouciance aux plaisirs alors permis par la richesse du règne d'Hérode Antipas. De plus, elle pensait que la protection de son frère la déliait de toute responsabilité envers l'opinion du plus grand nombre, ce qui lui valut souvent d'amères expériences, car les Pharisiens concupiscents la croyaient frivole.

3. Cependant, elle avait tout à fait renoncé à son ancienne vie un peu superficielle pour rentrer en elle-même et Me reconnaître, plus clairement même que ne l'avaient fait son frère et sa sœur. Son frère mort, les Pharisiens se montraient à présent d'autant plus impertinents qu'ils ne croyaient pas à l'authenticité de sa conversion intérieure, cherchant même à Me faire passer pour un soupirant favorisé par Lazare. Ils avaient déjà fait des remarques moqueuses à ce sujet, demandant aussi ce qu'était devenu Mon pouvoir miraculeux, qui aurait bien dû sauver cet ami.

4. Au moment de Mon arrivée, la plupart des Pharisiens étaient absents, s'étant rendus à l'auberge bien connue que possédait Lazare au mont des Oliviers, afin d'y débattre des conditions du bail. On le sait, cette auberge avait été déclarée impure par les Pharisiens, et ils cherchaient un moyen d'en revendiquer la propriété, car, une fois l'opprobre levée, elle serait pour eux une fort bonne affaire, d'autant qu'elle était auparavant très fréquentée par les juifs comme une sorte de lieu de plaisir, à cause de la belle vue.

5. Marthe prit à part Marie, qui se tenait justement un peu à l'écart des Juifs présents, et lui dit à voix basse : « Le Maître est là, et Il t'appelle ! »

6. Marie demanda aussitôt où Je Me trouvais. Ce que Marthe lui expliqua en peu de mots. Entendant cela, Marie se leva et sortit en hâte.

7. Les Juifs furent d'abord surpris de la voir s'éloigner avec une telle hâte ; Ephraïm, un ami de Lazare qui avait déjà fort bien connu le père de ce dernier et M'avait souvent vu et entendu dans cette maison*, grâce à quoi il avait une sorte de demi-foi - du moins Me tenait-il pour un homme digne de respect, sinon pour le Messie -, dit alors : « Elle va sans doute au tombeau pour pleurer et prier. Allons la chercher, amis, sans quoi elle se ferait peut-être quelque mal dans sa douleur ! »

8. Les autres Juifs l'approuvèrent, et ils suivirent Marie d'un pas plus lent. Cependant, lorsqu'elle Me vit au milieu des Miens, elle courut vers Moi impétueusement et tomba à Mes pieds, pleurant à haute voix.

9. Sanglotant de douleur et de la joie de Me revoir. elle ne put prononcer une parole, jusqu'au moment où Je lui demandai avec affection : « Pourquoi pleures-tu, Marie ? Ne sais-tu pas que ton frère vit dans Mon royaume ? »

10. Hochant douloureusement la tête, elle répéta les paroles de sa sœur (Marie) : « Seigneur, si Tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ! »

11. Je la relevai et dis : « L'esprit qui vit en Moi aurait pu sauver ton frère, même en Mon absence, si vous aviez cru : mais vous êtes des enfants immatures et ne comprenez pas les voies de Dieu ! »

12. Entre-temps, les Juifs qui avaient suivi Marie, formant une compagnie d'une douzaine de personnes, étaient arrivés près de nous. Voyant Marie, soutenue par Moi, pleurer si fort que rien ne semblait pouvoir la consoler, ils se sentirent eux aussi violemment émus, de même que les Miens, qui assistaient à cette scène, et tous versèrent d'abondantes larmes de compassion.

13. Alors, Ephraïm, qui était un homme déjà blanchi, Me dit : « Seigneur, quelle mort cruelle que celle-ci, qui arrache à cette femme l'homme dans la pleine force de l'âge qui était son protecteur et le meilleur des frères ! Pourquoi fallait-il que pareille chose arrivât ? »

14. Les autres Juifs, qui Me connaissaient pourtant, ainsi que Ma parole - car c'étaient là les vrais amis de Lazare, ceux à qui il avait fait tant de bien de son vivant, et ils le lui rendaient par la gratitude de leurs cœurs, car ils étaient pauvres - approuvaient Ephraïm et en voulaient à Dieu. Mais Marie n'en pleura que davantage, et les Miens Me lancèrent des regards qui signifiaient clairement que ces gens ne comprenaient pas les voies de Dieu.

15. Alors, Mon âme conçut une grande tristesse de ce qu'il y eût encore si peu de foi vivante dans les cœurs de ceux qui M'écoutaient pourtant depuis si longtemps et avaient assisté à tant d’œuvres glorieuses de l'Esprit divin en Moi. Toute la force de Mon âme, celle du Fils de l'homme, se rassembla dans le désir brûlant que le serpent qui empêchait ces enfants d'y voir tout à fait clair fût anéanti, afin que l'arbre de la connaissance pût grandir en eux et porter de beaux fruits.

16. Ce qui se passa alors en Moi, l'Evangéliste le décrit par ces mots : « Il frémit** en Son esprit et Se troubla. » Car, jusqu'à la mort de Mon corps, comme en tout homme, la matière et l'esprit ne s'étaient pas encore tout à fait fondus en Moi. Le Fils d'homme réclamait ses droits d'homme incarné, et il était soumis aux nécessités du corps ainsi qu'aux humeurs de l'âme, que seules la foi et une ferme volonté élèvent jusqu'à la connaissance au-delà du doute, amenant l'union complète du corps, de l'âme et de l'esprit.

17. A partir du moment où, dans la vallée solitaire, la divinité en Moi tenta pour la dernière fois de débattre avec Lucifer, le Fils d'homme revint au premier plan. C'est lui qui, à Gethsémani, devait finalement traverser toutes les angoisses de l'âme et connaître l'avant goût de la mort afin de briser les derniers verrous de la mort, de l'incrédulité et du doute. Sans préjudice pour la divinité toute-puissante qui demeurait en lui, et qui pouvait détruire sa Création d'une seule parole, mais qui, pour la sauver, voulut S'humilier comme la dernière des créatures.

18. Ces paroles sont nécessaires, et chacun doit les garder dans son cœur et chercher à les saisir, sans quoi il ne comprendra jamais les raisons de Mon incarnation, de Mes souffrances et de Ma mort, ni ce qui justifiait cette nature apparemment double de Fils d'homme et de Fils de Dieu.

 

 



Publié dans MARIE

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