Le retour de Judas. Sa conversation avec le Seigneur

Publié le par estaran

GEJ11 C61
Arrivée à Béthanie et séjour chez Lazare.
Le retour de Judas. Sa conversation avec le Seigneur

 

1. Quand les Romains nous eurent dépassés avec les prisonniers et leur escorte, nous pûmes reprendre la route à notre tour.

2. Nous arrivâmes peu après en vue de Béthanie, où demeurait Lazare. Celui-ci, poussé intérieurement par le grand désir qu'il avait de Me voir, et qui le faisait monter chaque jour à son endroit préféré, d'où il pouvait guetter Ma venue, était bien, cette fois encore, à son poste d'observation. Dès qu'il aperçut notre troupe cheminant sur la route, il sentit en son cœur que c'était Moi, et il courut aussi vite qu'il le put à notre rencontre, tout en criant à ses serviteurs d'aller annoncer dans la maison le retour du Seigneur.

3. Lazare ne tarda pas à nous rejoindre sur la route, et il n'est pas nécessaire de décrire sa joie de nous revoir et de pouvoir nous accueillir à nouveau dans sa maison après une aussi longue séparation.

4. Il s'ensuivit des journées mémorables, destinées à convaincre tant Lazare que Mes disciples de ce qu'était Mon but ultime pour l'humanité. Beaucoup de choses leur furent encore révélées à cet effet qu'il n'est pas encore temps, une fois de plus, de révéler au monde. Mais cela viendra un jour.

5. La plupart du temps, nous nous assemblions le soir dans la grande salle de l'auberge que l'on sait, et qui appartenait également à Lazare, au mont des Oliviers, parce qu'il y passait beaucoup de gens qui voulaient eux aussi Me voir et M'entendre.

6. En effet, à peine la nouvelle s'était-elle répandue que Je Me montrais à nouveau en public avec Lazare - qui, depuis sa résurrection, avait mené une vie fort retirée, silencieuse et contemplative, grâce à quoi il Me connaissait bien mieux qu'avant et n'avait plus le moindre doute ni la moindre incertitude, pas plus sur Ma doctrine que sur Ma personne elle-même - à peine cette nouvelle était-elle connue qu'un très grand nombre de Juifs de Jérusalem, et un plus grand nombre encore venus d'autres lieux pour la fête, affluaient au mont des Oliviers. C'étaient donc surtout les étrangers au pays qui, avant entendu parler du miracle et de Moi, venaient nous voir, souvent poussés par la curiosité, mais aussi par des raisons plus pures. En ce temps-là, tout ce qui, dans le peuple juif, avait un peu de bon sens, est venu à Moi afin que les âmes soient éclairées, si bien que Mes disciples et Moi-même avions fort à faire pour satisfaire tous ceux qui se pressaient là, et dont l’âme était assoiffée. –

7. Il ne faudrait pas imaginer cependant que tout cela n'arrivait que pour les Juifs. Beaucoup d'étrangers - Grecs. Romains et autres peuples -, avant entendu parler de Moi et ne sachant trop qu'en penser, vinrent aussi à Moi pendant ces journées et furent éclairés, si bien que les jours qui précédèrent Mon jugement furent une dernière pêche, riche de tous ceux qu'il était encore possible d'atteindre.

8. Il importait de savoir cela pour comprendre la suite. –

9. Donc, le soir de notre arrivée chez Lazare, nous nous étions retirés à l'écart de la foule, qui n'était pas encore trop nombreuse ce premier jour, et nous étions seuls dans la salle qui nous servait pour toutes nos assemblées, quand Judas l'Iscariote fit soudain son entrée et nous salua tous. Les Miens avaient été fort heureux de ne pas le voir de si longtemps, et espéraient même ne plus avoir du tout à le revoir, aussi, lorsqu'il les salua, firent-ils quelque peu grise mine.

10. Il Me demanda très poliment si Je lui permettais de se joindre à nous, à quoi Je répondis qu'il pouvait faire selon son bon plaisir.

11. Judas nous parla alors longuement de Jéricho et de ce qu'il y avait fait, disant qu'il avait travaillé pour Moi et espérait M'avoir donné satisfaction. Il fit aussi une description très vivace de la misère qu'il avait rencontrée dans cette ville et sur le chemin du retour, disant combien le pauvre peuple était opprimé et languissait dans la servitude. Il s'enflamma si bien dans son discours que tous l'écoutaient avec étonnement, car nul n'avait encore jamais ressenti si vivement la puissance authentique de sa parole.

12. Il (Judas) conclut par ces mots : « Seigneur, si j'avais en moi seulement le dixième de Ta force, J'aurais tôt fait de mettre un terme à toute la violence des grands, de délivrer un peuple enchaîné qui appelle Yahvé à son secours, et de le rendre heureux afin qu'il loue le nom de son Seigneur Dieu et qu'il jubile ! - O Seigneur, combien de temps pourras-Tu encore hésiter et laisser s'élever ces prières sans les exaucer ?

13. Le voici, ce roi qui est prêt à recevoir Israël, et Il ne Se montre pas ! Il ne Se dévoile pas, ce Messie attendu avec tant d'ardeur, le fils de David, l'homme qui a en Lui la puissance de Dieu. Il tarde à déployer Sa puissance pour le salut de Son peuple, et Israël doit continuer de gémir et de se lamenter sur sa décadence.

14. O Seigneur, aie pitié du peuple, des pauvres et des affligés ! Conduis-les à leur bonheur, car Sion attend son roi !

15. Après ce discours, d'où il ressortait clairement que Judas espérait encore en Moi le Messie libérateur de ce monde que J'avais pourtant nié être tant de fois avec insistance, il se fit un grand silence rempli d'attente, et Je lui répondis : « N'ai-Je pas toujours appelé à Moi les pauvres ?! N'ai-Je pas toujours consolé les affligés, guéri les malades et fait riches les pauvres lorsqu'ils en avaient besoin ?! Qui donc hésite ? Ce n'est pas Moi, mais le monde qui ne veut pas être sauvé ! Pourtant, le Fils de l'homme sera bientôt au sommet de la puissance qu'il est possible d'atteindre, afin que le monde voie qu'Il peut atteindre ce à quoi le monde aspire et ce qu'il trouve désirable. Mais ce n'est pas pour le salut du monde que cela arrivera, mais pour celui de Mon ciel ! Aussi, contente-toi pour t'apaiser de ce que tu as déjà vu et de ce que tu verras bientôt ! »

16. Alors, Judas se tut et se réjouit dans son cœur ; car il croyait malgré tout M'avoir ébranlé par ses paroles et poussé à faire, peut-être, un pas décisif pour libérer le peuple du joug des Romains, chose dont il savait fort bien que J'en avais le pouvoir.

17. Or, ce qui l'avait amené à cette idée, dont il savait qu'elle ne s'accordait pas avec les propos que J'avais tenus jusqu'alors, était la circonstance suivante pendant son séjour à Jéricho, il avait cherché à tirer le meilleur parti de ses talents, parlant aussi de Moi et de Ma mission, souvent devant une très grande foule. Il avait ainsi acquis un certain prestige, qui lui avait même permis d'opérer en Mon nom quelques guérisons authentiques.

18. Hérode, qui passait l'hiver à Jéricho, avait entendu parler de lui, et, désirant depuis longtemps entrer en relation avec le faiseur de miracles, comme il M'appelait, il avait fait venir Judas afin d'en savoir davantage à Mon sujet. En homme qui ne manquait pas d'aplomb, Judas avait aussitôt profité de l'occasion pour se poser en disciple du Nazaréen, et, par son attitude, il avait su inspirer au roi un certain respect, car, aidé par sa bonne mémoire, il était souvent capable de reproduire dans ses discours des phrases entières que J'avais prononcées.

19. Hérode comprit bientôt qu'il y avait plus de vrai qu'il ne l'avait cru d'abord dans les histoires et les bruits innombrables qui couraient sur Moi, et, en son for intérieur, il conçut l'idée qu'un faiseur de miracles d'une espèce aussi singulière pourrait toujours lui être utile auprès des Romains, en les plongeant dans la crainte et la terreur chaque fois qu'il en aurait besoin.

20. Hérode était l'ennemi du procurateur Ponce Pilate, qu'il considérait comme son oppresseur. Pilate avait toujours limité l'arbitraire d'Hérode lorsque celui-ci réclamait une extension de ses pouvoirs. Ce qui contrariait fort Hérode, qui continuait de nourrir en secret le désir de régner sans partage sur la Judée et la Syrie. Il eût donc fort bien accueilli aussi une force surnaturelle qui n'eût pas été soumise aux Romains. C'est pour la même raison qu'il n'avait pas été hostile à Jean, qu'il considérait comme un prophète, et il ne l'eût sans doute pas fait mettre à mort s'il n'y avait été poussé par ruse.

21. En bon connaisseur des hommes. Judas avait eu amplement l'occasion, à Jéricho, de se renseigner sur les frictions entre Hérode et les Romains. Il avait aussi bien vite remarqué à quoi le roi s'intéressait le plus. Croyant ne faire que servir Ma cause en travaillant à M'ouvrir la voie du pouvoir, il était intarissable sur le sujet de la puissance extraordinaire de Ma volonté, à laquelle toute chose sur terre était soumise. Dans ses récits, la destruction des cruels soldats que J'avais fait tuer par des bêtes féroces brillait d'un éclat tout spécial, car elle prouvait que J'étais capable d'opposer aux armes des Romains une nature invincible.

22. Judas, qui, comme le peuple juif, espérait un Messie libérateur en un sens extérieur, et qui voyait en Moi le plus apte à remplir cette mission, s'était encore senti conforté dans cette fausse idée par son entrevue avec Hérode, et il désirait d'autant plus contribuer à Mon œuvre en ce sens. Hérode l'avait chargé de Me ménager une rencontre avec lui, car, craignant Ma puissance, il n'osait pas M'en donner l'ordre purement et simplement.

23. Il fut convenu entre eux que le moment le plus favorable était celui du voyage à Jérusalem pour la fête, et c'est ainsi que Judas nous revint en émissaire d'Hérode, afin de Me gagner aux projets terrestres du roi, et donc de M'amener à pencher comme lui vers le Temple.

24. Il va de soi que J'étais parfaitement informé de ces projets, et que Je n'avais nul besoin pour cela de M'entretenir personnellement avec Judas. Mais lui ne Me croyait pas capable de lire ses pensées les plus secrètes : car, étant un homme très matériel malgré toutes les bonnes dispositions de son esprit, il était bien loin d'avoir suffisamment pénétré Ma nature et compris Ma personne pour voir en Moi autre chose qu'un être humain particulièrement doué et pourvu de facultés extraordinaires. Il croyait certes - pour en avoir eu des preuves suffisantes - que rien d'extérieur ne pouvait Me résister : mais que les profondeurs les plus secrètes du cœur humain fussent pour Moi comme un livre ouvert, cela, il en doutait fort. D'ailleurs, bien que lui témoignant toujours de l'amitié, Je restais plus réservé envers lui qu'envers tous les autres, si bien qu'il ne pouvait comprendre le langage de Mon esprit, car, celui-ci ne se dévoile qu'à travers l'amour que Me portent Mes créatures, et il n'avait pas pour Moi cet amour.

25. Aussi se donna-t-il, par la suite encore, beaucoup de peine pour M'exposer avec un grand talent d'orateur la nécessité de libérer extérieurement le peuple, ce pour quoi il comptait sur le soutien d'Hérode. Mais Je lui reprochais sévèrement ces discours. Si bien qu'il rentra peu à peu en lui-même et devint toujours plus taciturne.

26. Il était nécessaire de faire ici cette observation, afin que l'on comprenne mieux l'évolution de ses sentiments.

 

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