GEJ11 C55

Publié le par estaran

GEJ11 C55
La voie de la perfection intérieure

 

1. Ses frères le prièrent à nouveau de leur faire part de ses pensées et de ses expériences, et Pierre commença ainsi : « Chers frères, il y aura bientôt trois ans que nous sommes les compagnons fidèles du Seigneur, qui nous a initiés à toutes les merveilles de Son monde, et, à coup sûr, aucun de nous n'a de doute sur la personne de Celui qui est devant nous en toute vérité ; pourtant, même connaissant cette vérité et me sachant proche de Celui qui est notre Créateur à tous, il m'arrivait parfois de ne pouvoir vaincre tout à fait les doutes qui montaient en moi et qui me murmuraient : "Toute cette connaissance, tous ces efforts seront vains, puisque tu ne seras jamais capable d'atteindre le degré de pureté qui te donnerait le droit de demeurer près de Lui, cet homme sans défaut." Cette conscience de ma nature pécheresse, qui est certes notre lot commun, m'a fait verser bien des larmes de contrition, et seules les paroles aimantes du Seigneur pouvaient me consoler et me remplir d'un courage nouveau pour retourner à une tâche apparemment si vaine.

2. Et j'ai plus ou moins réussi à garder en moi comme mon plus grand bien une foi inébranlable dans notre Seigneur et Maître, unique modèle de la perfection, sans jamais parvenir à croire jusqu'ici que je pouvais moi-même atteindre ne fût-ce que le premier degré de cette perfection. Malgré tout, j'ai pu fortifier assez ma volonté d'y parvenir pour que même la conscience de ma propre indignité ne me fasse pas renoncer à atteindre ce but si éloigné.

3. Cependant, j'ai reconnu alors qu'il devait être bien plus facile - du moins pour la plupart des hommes - de purifier l'âme de ses nombreuses défaillances en cherchant à connaître les lois de l'ordonnance divine : car celui dont l’œil est capable de reconnaître les sages dispositions extérieures qui constituent le moyen d'instruire l'âme aura tôt fait, partant de ces dispositions extérieures, d'en pénétrer le véritable but profond, et son cœur, d'abord empli d'étonnement, d'admiration et de respect, ne manquera pas ensuite de se remplir d'amour pour l'être tout-puissant qui, dans Son ordonnance sacrée, a pris là les mesures les plus utiles au salut et au progrès de l'univers tout entier, avec à leur sommet ce but unique de forger des êtres capables d'œuvrer et de créer dans une communion bienheureuse avec la divinité.

4. Par la suite, cette conscience deviendra l'aiguillon qui le fera renoncer à tout ce qui l'empêcherait d'atteindre ce but suprême, et c'est ainsi que l'âme s'efforcera de mener une vie bonne et juste aux yeux de Dieu. Seuls les pires fous et les pires diables à forme humaine peuvent s'opposer aux lois reconnues et compromettre ainsi leur salut, tant corporel que spirituel.

5. C'est cette perspective, mes chers frères, qui me guidait déjà depuis longtemps : mais ce n'est qu'ici que j'ai enfin pu atteindre ce but : être capable de ma propre initiative, sans que la toute-puissance du Seigneur ait d'abord ouvert ma vision, de connaître les lois extérieures et naturelles dont sont revêtues les lois d'amour les plus profondes et les plus insignes, et j'espère avoir ainsi fait de grands progrès dans mon propre perfectionnement. »

6. André lui demanda comment il s'y était pris pour acquérir cette vision intérieure. En effet, bien qu'il ne lui parût guère important de regarder aussi les choses extérieures, parce qu'il plaçait bien plus haut la compréhension de la parole, et parce que cette vision intérieure spirituelle était pour lui plus essentielle que la connaissance de toutes les lois superficielles de la nature, en cette matière. Chacun devait décider selon ses propres convictions, aussi ne se serait-il jamais permis de dénigrer les efforts de Pierre.

7. Pierre répondit qu'il n'était pas difficile de suivre cette voie, car la foi en Dieu et la force de la volonté suffisaient pour pénétrer dans les objets que l'on voulait sonder. Alors, en même temps que l'on contemplait la forme extérieure, on voyait apparaître distinctement la forme intérieure, et l'esprit expliquait ensuite très clairement les lois que la contemplation avait rendues visibles.

8. Cependant, lorsque l'âme contemplait les nombreuses choses qui s'offraient à elle, elle ne devait pas se contenter de prendre plaisir à acquérir ces facultés superficielles sans laisser retentir clairement en elle la voix de l'esprit. Les deux choses devaient toujours aller de pair, et le perfectionnement de ces qualités de l'âme dans un corps sain n'était donc pas un péché, assurément.

9. Par exemple, il avait observé la croissance des plantes, et, ce faisant, il avait bien remarqué que la substance psychique des plantes était en soi tout aussi complète que celle de l'homme lui-même, à la seule différence que ces âmes avaient une capacité d'évolution bien plus grande. Tandis qu'auparavant il ne voyait dans les plantes que des excroissances de la terre vivante - un peu comme les poils qui poussent sur le corps d'un homme -, il savait désormais qu'il n'en était pas ainsi, et que, dans son inachèvement même, chaque plantule constituait une âme complète et distincte, qui s'édifiait dans son propre corps tout comme le faisait l'âme accomplie de l'être humain. Il savait certes déjà, par les explications du Seigneur, que l’âme humaine se constituait au long de son parcours dans le monde visible, mais il n'en avait jamais eu une vision aussi approfondie, et qu'il pût retrouver à tout moment dans ses moindres détails : ainsi, beaucoup de choses qu'il avait seulement, jusqu'ici, ressenties comme vraies, étaient à présent devenues des vérités tangibles.

10. Les disciples se mirent alors à poser à Pierre toutes sortes de questions, surtout ceux qui ne faisaient pas partie des Douze, qui demandaient toutes sortes de détails sans importance dans lesquels nous ne pouvons entrer ici. Notons seulement une dernière question qui fut soulevée lors de ces entretiens, à savoir si les éléments imparfaits de l’âme, que beaucoup avaient déjà pu voir dans les moments où leur vision avait été ouverte, avaient une conscience, si, aux échelons inférieurs des corps inorganiques, il existait, comme on pouvait le supposer, une sensibilité associée a cette conscience, et si cette sensibilité était nécessaire dans un but précis.

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article